TEMOIGNAGES

Note: il peut apparaitre dans les différents témoignages quelques différences par rapport à d'autres pages du site, dans ce cas la rectification sera mise a côté.

D'une jeune fille de Muzillac. (1)

Le 28 juin 1943 je m'étais rendue chez mes grands parents au Grand néant afin de les aider. J'avais 16 ans et comme toutes les jeunes filles de notre époque j'étais soumise à des tâches ménagères et agricoles notamment dans les fermes. Cet après-midi là je gardais les vaches dans les prés voisins de la ferme et une forte activité aérienne régnait dans le ciel. Depuis un certain temps les passages d'avions étaient fréquents, il s'agissait des bombardiers allant frapper la base sous-marine de SAINT NAZAIRE. Ils passaient haut dans le ciel, et seul leur bourdonnement attirait notre attention. Donc ce 28 juin vers 16 heures, abritée derrière un arbre, je vis dans le ciel des parachutistes dont un venant dans ma direction. Peu de temps après des avions de chasse allemands entourant un bombardier en feu passèrent au dessus de la ferme à faible altitude. Les chasseurs tiraient sur l'appareil ainsi que sur les parachutistes

A ce moment mon grand-père sortant subitement de sa sieste vint me rejoindre pour m'ordonner de rentrer à la maison me mettre à l'abri, car les balles et éclats tombaient sur tout le secteur. D'autres parachutistes étaient visibles du côté d'Ambon. Plus tard nous sûmes que le parachutiste tombé dans notre champ s'était dissimulé dans une haie après avoir dissimulé son parachute et sa veste d'aviateur. Dans la soirée mon grand-père allant chercher du fourrage l'a vu et ramené à la ferme enfoui dans la charrette de trèfle, puis caché dans la grange. Puis ne voyant pas venir d'allemands, mon grand-père l'a fait venir dîner. Ma tante a essayé de lui passer des effets civils malheureusement trop courts et il a fallu qu'il garde ses vêtements de corps non reconnaissables.
Par chance notre cousin qui se faisait oublier à la ferme pour éviter le S.T.O était absent, et notre valet en début d'après midi avait été envoyé par mon grand-père chez ses parents à Noyal-Muzillac.

Après le dîner le pilote américain nous a montré un dessin de l'emplacement du parachute et de la veste d'aviateur afin de les récupérer. Il nous a quittés le soir même à la nuit pour rejoindre le réseau de prise en charge des aviateurs alliés. Nous sûmes par la suite qu'il rejoignit Caden, puis Vannes et enfin l'Espagne et l'Angleterre le 10 Août 1943.

Ma sœur Madeleine, le lendemain, a ramené à Rozel le parachute et la veste d'aviateur dans un sac d'engrais pour les cacher. En raison de patrouilles allemandes fréquentes dûes à la présence de batteries côtières dans ce secteur, la veste a été enfouie sous un tas de fumier pour détourner le flair des chiens policiers. Quant au parachute il avait été découpé et utilisé par l'ouvroir de Billiers pour faire des corsages.

Après la guerre mon père a récupéré la veste et l'a portée jusqu'à sa mort
Il faut ici rapporter une petite anecdocte: après le décés de son père il fut retrouvé dans la doublure du blouson de vol une médaille de la sainte vierge ayant appartenu  au navigateur. celle-ci lui fut renvoyée et fit l'objet d'une lettre que vous trouverez ci-dessous.

De Monsieur Joseph LE MASLE

Le 28 Juin 1943, dans l'après midi le jeune Joseph Le Masle, accompagné de sa jument, était dans le champ du Roanis en Ambon, situé à trois minutes derrière la ferme de ses parents, la Bellevue, travaillant à pulvériser sur des plants de pommes de terre un produit contre les doryphores.

Il remarqua haut dans le ciel un groupe de bombardiers paraissant se diriger vers Saint-Nazaire et attaqués par des chasseurs allemands. Une fumée blanche se dégagea de l'un des bombardiers qui quitta sa formation au dessus de Muzillac et commença à décrire de grands cercles en perdant de l'altitude.

Plusieurs membres de l'équipage sautèrent en alors en parachute. Au bout d'un moment le bombardier se mit à descendre, toujours attaqué par deux chasseurs. Joseph Le Masle ne se rendit pas immédiatement compte qu'il se dirigeait vers le champ où il travaillait, ce fut la jument qui perçut la première le danger, elle se mit à hennir et à s'agiter, il laissa son pulvérisateur, prit la jument par la bride et s'en alla sans traîner vers la Bellevue. Arrivé, il enlevait le harnachement de sa bête et allait repartir lorsqu'il fut arrêté par une violente explosion, le bombardier venait d'exploser projetant aux alentours des débris enflammés qui mirent le feu au champ de blé voisin et au hangar couvert en chaume à côté de la Bellevue. Peu de temps après les allemands venus de Muzillac à moto étaient sur place. Le lendemain, Joseph Le Masle et son père allèrent récupérer le pulvérisateur. Arrivés près du champ ils trouvèrent le chemin gardé par des sentinelles allemandes, sous un arbre, près d'une vieille croix de pierre gisaient les corps de trois ou quatre aviateurs. Accompagnés d'une sentinelle ils récupérèrent le pulvérisateur. L'épave du bombardier était au bout du champ, contre un talus. Les allemands la firent enlever un peu plus tard ainsi qu'un énorme fût ressemblant à une citerne et qui devait être une bombe de forte puisance destinée à frapper les bases sous-marines. Heureusement cette dernière n'avait pas explosé car les conséquences sur le quartier de Pénesclu eurent été catastrophiques. La veille un témoin de Pénesclu avait vu des soldats allemands, portant un soldat américain grièvement blessé sur un brancard, se dirigeant vers chez le docteur Bréard. Cet aviateur a dû décéder peu de temps après, expliquant les obséques de quatre soldats au cimetière de Bourg Pol.

Monsieur Le Duigou, en qualité de Maire de Muzillac demanda par l'intermédiaire du garde champêtre à s'entretenir avec l'officier allemand qui commandait le détachement cantonné à Muzillac pour décision à prendre au sujet de l'inhumation des corps. L'allemand vint rencontrer le Maire qui demanda une sépulture digne de ces soldats tués dans l'accomplissement de leur devoir. L'officier allemand prétendait les enterrer dans une fosse commune là où ils étaient tombés. Le Maire lui répliqua que l'on devait donner aux morts de la guerre quelle que soit leur nationalité une sépulture digne d'eux. Ils devaient être enterrés au cimetière paroissial. L'allemand refusa. Le Maire revint à la charge, parla des faits de l'autre guerre. L'officier hésita puis accepta, exigeant cependant qu'aucun cortège ne fut formé, menaçant de sanctions et de représailles.

Les cercueils des américains furent donc portés en terre au cimetière de Bourg Pol en présence du Maire ceint de son écharpe tricolore et qui déposa une magnifique gerbe de fleurs sur les cercueils, de l'abbé Le Bot qui donna sa bénédiction et d'une vingtaine de muzillacais. Furieux de cette manifestation, les officiers allemands firent chercher des soldats et évacuer le cimetière.

Après la guerre les corps furent rapatriés aux Etats Unis.(en fait seuls les corps de 2:  dragie.j. YAREFF et de Ermyle e.YOUNG furent rapatriés aux USA. les corps de: everett.i.BRANNEN et de : Joseph.s.WOLFE furent enterrés au cimetière de Saint James (manche).

Dans les semaines qui suivirent Joseph Le Masle et son frère retrouvaient des munitions de mitrailleuses, ils séparaient les projectiles des douilles et s'amusaient à en faire brûler la poudre.

De Monsieur COEFFEC Gabriel

témoignage recueilli le Mardi 15 Juin 2004

Des six aviateurs ayant sauté du B17 le 28 juin 1943, l'un se posa sur une haie  dans un champ de blé à proximité de la ferme du Prieuré, sur la commune d'Ambon (56). Monsieur Gabriel (dit denis) COEFFEC se trouvant tout proche du lieu se précipita pour lui porter secours. Les avions de chasse Allemands survolaient l'endroit et prirent des photos.
Après avoir caché le soldat dans une haie et  lui avoir donné ses vêtements  il montra la direction de Nantes que le parachutiste lui avait écrit sur un morceau de papier. L'aviateur lui confia son parachute, son blouson de vol en cuir ainsi que des objets personnels (boussole, boite d'allumettes etc....).
Monsieur COEFFEC alors âgé de 21 ans alla dans un étier des marais cacher le parachute, le blouson de cuir et revint vers le Prieuré où l'attendait des soldats allemands. Ces derniers lui montrèrent des photos où il apparaissait dans un champ avec un homme en uniforme, cette photo avait été prise par un appareil d'observation "fieseler FI156 storch". La descente du parachutiste avait attiré l'attention de jeunes filles dans le village et la discrétion n'étant pas de mise, les allemands eurent peu de peine à localiser le point de chute.
Monsieur COEFFEC ne voulant pas reconnaître la valeur de la photo, ainsi que l'aide apportée au soldant américain, il fut envoyé à la prison de Nazareth à Vannes. Il y resta 11 jours, (il y fêta son anniversaire), avant d'être transféré à Lorient certainement pour rejoindre l'Allemagne. Au cours de ce transfert, il faussa compagnie au policier de Vichy dans la rue du Mené à Vannes en s'emparant d'une bicyclette posée le long d'un mur, profitant d'un moment de distraction de ce dernier. Tout au cours de son interrogatoire et de son transfert ce policier, lui demandait de dire tout ce qu'il savait afin d'éviter des peines trop lourdes et d'éventuellement être libéré.
Hélas l'aviateur américain devait être fait prisonnier peu de temps avoir quitté Monsieur COEFFEC. Les allemands le brutalisèrent si sévèrement que longtemps il fut considéré comme mort. Bien après la guerre l'on sût qu'il était retourné aux Etats-unis et qu'il était toujours en relation avec Monsieur Normile. (le co-pilote)
Monsieur COEFFEC a reçu un titre de reconnaissance du gouvernement Américain.
Monsieur Coeffec appelait l'aviateur Bob, après recherches il s'agirait de Robert.W.ADAMS  Lieutenant   pilote du bombardier.

témoignage recueilli le 14 juin 2004

Cet après-midi là Messieurs Le tendre et Perrot travaillaient sur les terres de leur ferme de Fleuriac à faire les foins lorsqu'ils virent un parachutiste se poser près d'eux, dans un chemin déformé par les passages de charrettes. En arrivant au sol cet aviateur se blessa, son pieds tordu par une ornière et ne put se relever. Les deux témoins se précipitèrent vers lui, anfin de lui porter secours. Monsieur Le tendre se hâta vers la ferme et amena une chaise pour le blessé; A peine était-il revenu qu'apparaissait un soldant allemand monté sur une bicyclette et recherchant le parachutiste. Le soldat allemant désarma l'aviateur puis après l'avoir fouillé lui retira ses bottes de cuir, avant que le gonflement dû à l'entorse ou à la cassure n'augmente la douleur. Auparavant l'aviateur américain avait remis au soldat allemand son poignard d'aviateur qu'il avait dans une de ses bottes.
Le soldat allemand demanda à Monsieur Le tendre de porter avec son char à banc le blessé à la Kommandantur de Muzillac pour y rejoindre les autres prisonniers.

CHUTE DE L AVION AMERICAIN (Mr le maire LE DUIGOU)

Le 23 Juin 1943, dans l'après-midi un bombardier américain mitraillé par deux chasseurs allemands s'écrase  au lieu dit Bellevue-roanis à proximité de Muzillac. Quatre aviateurs sont tués, cinq autres se sont sauvés en parachutes:;L'un deux, un lieutenant, blessé a été fait prisonnier par les allemands. Les quatre autres, grâce à l'aide de la municipalité et des cultivateurs de la commune réussissent à s'échapper. Le Maire se rend sur les lieux et se met en rapport avec l'officier allemand qui s'y trouve. Ce dernier veut l'inhumation sur place des quatre aviateurs. Le Maire s'y oppose, il s'agit de quatre soldats morts au champs d'honneur ils ont droit à une sépulture correcte au cimetière communal et aux honneurs militaires. Le Maire va trouver le Commandant et tombe d'accord avec lui sur les conditions des obsèques: inhumation au cimetière  de Muzillac en présence du clergé. Délégation officielle de la Municipalité représentée par le Maire, les trois adjoints, le lieutenant des sapeurs-pompiers- dépôt d'une gerbe de fleurs par le maire. Les honneurs militaires seront rendus par les allemands. La cérémonie se passe comme prévue mais en arrivant au cimetière le Maire a  ceint son écharpe tricolore. L'officier allemand demande des explications. Le Maire lui répond que les Maires mettent leur écharpe dans toutes les cérémonies officielles; L'officier hésite mais laissefaire.

Les corps des 4 aviateurs ont été exhumés au début de septembre 1944. L'officier américain qui a assisté à l'exhumation a tenu à venir remercier et féliciter le Maire car a t'il dit :  il lui semblait que nulle part ailleurs en pays occupé des soldats alliés n'avaient eu de si belles obsèques.

De Monsieur MOTTA

Parmi les aviateurs ayant saute du B17 le 28 Juin 1943, l'un d'eux est arrivé dans un champ situé près du ruisseau de Cussé au lieu dit "La Gréee Grâce" sur la commune du Guerno (56).
Il s'agit du flight Officier G.H.GLOUDEMAN. Ne voulant pas s'approcher du village du Guerno, l'aviateur vit des ouvriers occupés dans les champs vers la ferme de Kergouar. Monsieur Merian ainsi que son commis, le jeune Motta virent venir vers eux un soldat américain leur montrant une carte de France en toile, et un papier sur lequel était inscrit le nom de la ville de Nantes.
Deux soldats allemands faisant une patrouille à bicyclette sur la route voisine se dirigèrent vers la ferme. Monsieur Mérian dit a l'aviateur américain de se cacher dans le foin, et demanda à son commis de ramener la charrette dans la grande.
Pendant ce temps  Monsieur Mérian invitait les allemands à prendre un verre, voyant que ces derniers n'avaient pas remarqué le parachutiste. Le commis rangea la charrette dans la grande et demanda a l'aviateur de se cacher dans le grenier en prenant la précaution de lui enlever ses alumettes et ses cigarettes par peur d'un incendie.
Les soldats allemands partis, l'on attendit le soir pour le faire entrer dans la maison, craignant toujours une visite des allemands. A la nuit tombante Monsieur Mérian donna des effets civils a l'aviateur et puis dinêrent ensemble, le Lieutenant Gloudeman appréciant particulièrement la bouillie de gruau, plat fréquent en cette période de restriction.
Le Lieutenant GLOUDEMAN les quitta ensuite et rejoignit le château de Branféré qui était alors le point de ralliement pour les évadés. Ils surent après la guerre qu'il réussit comme le Lieutenant NORMILE à rejoindre l'Angleterre via l'Espagne.
Monsieur Mérian aussitôt après le départ du Lieutenant GLOUDEMAN brûlait les vêtements craignant toujours une perquisitions des allemands. Bien lui en prit car le lendemain, certainement suite à une indiscrétion, les allemands fouillaient toutes les fermes du secteur.
Le jeune commis Motta avait eu le temps de découdre l'écusson du blouson du lieutenant GLOUDEMAN,avant qu'il ne soit brûlé, et qu'il a gardé précieusement, cet écusson était celui de l'US AIR FORCE l'équipage n'étant arrivé que depuis 2 semaines à Polebrook il n'avait pas eu le temps de mettre celui de la 8th US AIR FORCE  Monsieur Mérian a reçu après la Guerre un titre de reconnaissance du président des Etats Unis.