RECIT DU Lt NORMILE AVANT QU’IL NE REJOIGNE Le F/O GLOUDERMAN.
H & E reports No 57 & 58 – Evasion in France -16/08/43.
J’ouvris la trappe d’évacuation et je sautai dès que l’ordre de quitter
l’avion fut donné. Je retardai l’ouverture jusqu’à 5000 pieds et quand
mon parachute s’ouvrit je vis quatre parachutes au dessus de moi et
deux avions de chasse tournant autour. Je vis un B-17 en difficulté
mais sans certitude que ce soit le mien.
Après avoir atterri, vers
environ 17H15, je ramassai mon parachute et empruntai rapidement une
route boueuse puis m’engageai dans un champ et m’arrêtai près d’une
grande haie pour cacher mon équipement. Ceci environ 20 ou 30 mètres
plus loin. Pendant que je cachai mon équipement un jeune paysan
français m’appela du champ voisin. Je me dirigeai vers lui et lui
expliquai que j’étais un aviateur américain. Il me cacha dans un champ
de blé et me dit qu’il reviendrait en soirée. Je parlai un peu le
français et je fus capable de le comprendre.
Pendant que
je me dissimulai dans ce champ j’entendis une terrible explosion vers
17H40 et vis un large nuage de fumée environ un kilomètre et demi plus
loin.
Avant que la
nuit ne tombe le jeune paysan français revint avec une charrette. Il me
recouvrit avec du foin et environ dix à quinze minutes plus tard nous
atteignîmes sa maison. Sa mère me donna à manger mais ils n’avaient pas
de vêtements qui m’allaient. Après avoir localisé avec précision
l’endroit où je me trouvais sur ma carte d’évasion, quelques kilomètre
à l’est de Noyal-Muzillac, je pris la direction de l’est.
Au
petit matin,j’arrivai en lisière d’un petite ville. Je contournai ce
village etme cachai dans un champ de blé pour le restant de la journée.
Pendant cette
journée j’entendis des allemands chanter et le bruit de tirs d’armes à
feu comme si un champ de tir se trouvait tout proche. A la nuit tombée
je sortis de ma cachette et me tint près d’un chemin espérant le
passage d’un paysan Français. Bientôt un homme et une femme
approchèrent .
J’adressai la
parole à l’homme et lui dis que j’étais un aviateur américain et que
j’avais besoin de manger. Il me montra du doigt une ferme à un
kilomètre et demi de là et il me dit que j’y serais en sécurité. Arrivé
sur place, je me cachai dans une haie et j’attendis plusieurs minutes
tour en faisant le guet.
Une jeune
fille emprunta le chemin qui menait à la haie, me rejoignit et je lui
racontai mon histoire. Elle m’emmena vers une autre ferme où je
rencontrai deux jeunes garçons. Ils me donnèrent à dîner ainsi que des
vêtements. Mon objectif était dorénavant de rejoindre Tours et de
trouver un passage pour franchir la ligne de démarcation.
Je demandai à l’un des jeunes
garçons de m’indiquer le chemin pour aller à la gare pour prendre un
train à destination de Tours. Il me donna une grande carte du canton et
me montra la direction. Après plusieurs heures de marche je me sentis
trop fatigué pour continuer d'avantage. Je m’endormis dans du foin dans
un champ jusqu ‘au lendemain. Je repris la route au matin et vers midi
j’arrivai aux abords de Caden.
Je demandai à
un fermier s’il y avait des allemands dans ce village. Il m’assura que
non, aussi j’y entrai par la route principale. Un jeune français
m’approcha et nous entamèrent une conversation. Il m’emmena dans sa
maison où l’on me donna un déjeuner et plus tard un homme fut appelé
pour venir à ma rencontre. Il parlait un peu anglais et à l’aide de son
anglais et de mon français, je compris comment rejoindre en sécurité le
sud de la France bien que n’ayant pas de carte d’identité.
Je reçus de
nouveaux vêtements, un repas à emporter me fut donné et le jeune
français m’accompagna jusqu’à la gare où il m’acheta un ticket. Avant
de monter dans le train mon accompagnateur aborda un jeune marin qui
allait à Nantes. Je m’assis près du marin et le suivis lorsqu’il quitta
le train à Nantes. Après avoir quitté la gare il m’indiqua un endroit
où dormir pour la nuit.
Je quittai
Nantes à 6H00 le matin suivant. J’arrivai à Tours à 11H00 et allai
flâner dans les rues où l’on m’avait dit que je pourrais trouver de
l’aide mais il y avait trop d’allemands dans les alentours.
Dans l’après-midi je fis un
petit somme sur un banc dans un parc et allai ensuite dans un café.
Après que les clients eurent quitté les lieux je m’adressai au
propriétaire pour lui parler du franchissement de la ligne de
démarcation. Quand il me dit que je n’avais pas besoin de carte pour la
franchir je pensai qu’il voulait se débarrasser de moi.
Je passai la
nuit sur un banc dans la gare et achetai un ticket pour le premier
train du lendemain à destination de Vierzon. Je pris un déjeuner à
Vierzon et à nouveau m’adressai au propriétaire. Il fut sympathique et
me demanda d’attendre. Plus tard , un homme et une femme
arrivèrent, me parlèrent et l’homme me demanda de le suivre. Je fus
conduit à un endroit où je pus traverser la rivière sans difficulté et
rejoindre une petite ville.
Il n’y avait
pas de ligne de chemin de fer mais je trouvais la route conduisant à
Châteauroux. Mon but était de d’aller à Toulouse par le train.
Passant dans
un petit village je vis la boutique d’un barbier ou se trouvait
seulement un client. J’avais besoin de me raser et je souhaitais des
renseignements.
Le barbier
m’indiqua comment rejoindre Châteauroux par le train. Je dus marcher à
nouveau en direction d’un autre petit village ou là je me rendis compte
que le train pour Châteauroux n’était pas avant le lendemain matin de
bonne heure. Je passai la nuit dans un grenier à foin. Cet arrangement
fut rendu possible grâce à une serveuse que j’avais rencontrée dans un
café.
A la gare le
lendemain matin, j’achetai un ticket pour Toulouse. Un changement avait
lieu à Châteauroux. Arrivé là bas à 9H00 le 3 Juillet, j’allai dans la
salle d’attente des troisième classes où je mangeai le reste du
déjeuner que j’avais emporté. A 11H15 j’allai sur le quai pour prendre
le train pour Toulouse et je vis le F/O Glouderman qui montait à bord.
Nous nous sommes rejoints sans parler et mon voyage se déroula comme
prévu.
Rapport dressé par John F. WHITE 1/Lt AC,
ratifié par : W.S HOLT Ltcol, AC commandement
Traduction : Frank BERNARD– AIR MEMORIAL –Décembre 2004.
Traduction du rapport du F/O Georges H. GLOUDERMAN / T-174 -Co-pilote du B-17 F / No 42-29847 « HIGH BALL »
351 BG / 511 BS.Abattu à AMBON le 28 juin 1943. Source : E & E reports No57 & 58 - 16 Août 1943.
Nous avons
quitté Polebrook à14H30, le 28 juin 1943 pour aller bombarder
Saint-Nazaire. Nous avons atteint la France vers 16H30, ne rencontrant
aucune opposition de l’ennemi. Les chasseurs P-47 volèrent 25 à 30
minutes avec nous en France et 5 minutes après qu’ils eussent fait demi
tour, j’entendis à la radio que nous étions attaqués par des Focke-Wulf
arrivant de nos 4 et de nos 8 heures. Les attaques arrivaient
simultanément par le bas et par le haut. Notre mitrailleur de la
tourelle ventrale et celui de la tourelle supérieure firent feu. Le
seul appareil ennemi que j’aperçus, était loin devant nous ,et nous
n’avons pas été attaqués directement de face. Je pouvais voir des tirs
depuis la tourelle ventrale, la tourelle de queue et en provenance du
coté droit de l’avion No 6 qui appartenait à notre formation et qui
volait au dessus de nous.
Cinq
minutes après le début de l’attaque notre mitrailleur de la tourelle
ventrale hurla à la radio que nous étions touchés. Pendant quelques
minutes le mitrailleur ventral monopolisa la conversation à la radio,
attirant notre attention sur le moteur No 3 qui avait pris feu.
Le pilote et moi même, avions vu le feu dans le No 3
avant que l’on ne nous interpelle. La pression d’huile chuta avant nous
ne puissions mettre l’hélice en drapeau. Les canalisations d’huile
étaient surchauffées et le feu ne pu être éteint. La tourelle ventrale
était couverte d’huile. Nous avions déjà eu des problèmes avec le
compresseur du No 2 avant d’arriver en France. Pendant tout le parcours
en direction de notre cible nous avons été ennuyés par les remous
provoqués par notre hélice et, finalement nous avons été écartés de
notre formation. Petit à petit nous avons perdu de l’altitude et nous
avons dérivé sur notre gauche.
Il y
avait encore un groupe d’avions derrière nous mais nous ne
pouvions monter au dessus de 21000 pieds et ils étaient à 23000. Nous
étions maintenant sous le feu d’une puissante attaque et quand il
s’avéra que nous ne pouvions éteindre le feu, par conséquent le pilote
donna l’ordre de sauter.
Environ une
minute plus tard il me fit signe en me tapotant sur l’épaule de quitter
l’appareil. Le mitrailleur de la tourelle dorsale tirait toujours,
alors d’un coup sec je l’en extirpai et lui indiquais la sortie. Je
remontai vers le nez de l’avion ou j’avais laissé mon parachute. Le
bombardier et le navigateur étaient déjà sortis.
Je sautai immédiatement et pensai que seuls le pilote et le mitrailleur
dorsal étaient encore à l’intérieur. Je retardai l’ouverture de mon
parachute jusqu’à 2000 pieds et atterris dans un champ situé
approximativement à 30 miles, nord-ouest de Saint-Nazaire.
Après
avoir ramassé mon parachute, je le cachai avec ma Mae-West dans un
buisson, quand deux jeunes français s’approchèrent de moi. Je compris
qu’ils me demandaient si j’étais Américain et quand j’acquiesçais d’un
signe de la tête, ils m’indiquèrent de les suivre.
Nous avions parcouru à peu près 20 mètres à travers le champ quand
j’entendis une forte explosion à plusieurs miles d’ici et vis une
colonne de fumée monter dans le ciel.
Je supposai
qu’il s’agissait de notre avion qui venait de s’écraser. Nous avons
marché le long des haies et avons fait une halte dans une maison ou je
laissai mon équipement de vol et tous mes insignes.
Quittant la maison, nous avons marché environ un mile quand, soudain,
les jeunes me demandèrent de me cacher. Ils disparurent.
J ‘attendis une heure
avant de jeter un coup d’oeil. Regardant autour de moi, je ne vis
personne et je décidai de marcher le long d’une haie, loin de la route.
Il y avait des avions volant à basse altitude dans les environs qui cherchaient, peut-être les évadés.
Bientôt
j’atteignis un champ dans lequel plusieurs français faisaient les
foins. J’attirai l’attention d’un jeune français qui décida de me
cacher lorsque je lui appris qui j’étais. Il me donna de vieux
vêtements, un béret et me conduisit dans une grange où je passai la
nuit. Il revint de bonne heure le lendemain matin avec de la nourriture
et je le quittai après qu’il m’ait indiqué la direction à prendre.
Vers 11
heures environ, alors que je marchais sur la route, un homme qui
m’avait vu se dirigea vers moi me dévisageant avec insistance.
Je me
demandai si je devais m’arrêter ou non lorsqu’il me sourit ce qui me
décida. Voyant qu’il ne me comprenait pas, nous avons quitté la route
pour aller dans un bois où je dépliais ma carte d’évasion, alors il lui
traversa l’esprit l’idée que j’étais un aviateur américain cherchant à
rejoindre la gare la plus proche. Finalement je compris qu’il fallait
que je le suive dans un château. Après être retournés sur nos pas sur
plusieurs kilomètres et avoir traversé plusieurs champs, nous sommes
arrivés dans une vaste demeure où je fus accueilli par une famille
française. L’un des membres de la famille parvenait à comprendre
l’anglais lorsqu’il était écrit. Je déclarai que je voulais aller à
Tours. Après avoir étudié ma carte d’évasion, il me sembla que c’était
effectivement l’endroit qu’il fallait rejoindre au préalable.
On me donna
mille francs et on me proposa un plan pour prendre le train de Tours
sans difficulté. Deux membres de la famille se rendirent en vélo dans
un petit village tranquille pour m’acheter un ticket. J’allai jusqu’au
village et les rencontrai à leur retour. Ils me donnèrent le ticket et
des informations concernant les horaires de train et le trajet.
Le train
n’allait pas directement à TOURS et je fus averti que j’aurais à passer
la nuit à Nantes. Je pensai que j’arriverais bien à me débrouiller
lorsque j’y serais. Je montai dans le train vers 18h30 le 29 juin et je
suivis une jeune femme dans un compartiment où je m’assis près d’elle.
Il y avait des soldats allemands dans le train mais très peu, et aucun
dans notre compartiment.
Nous sommes
passés à Redon puis à Nantes vers 21h00. Je suivis la jeune femme hors
de la gare car je pensais qu’elle avait réalisé que je n’étais pas
français et elle avait l’air sympathique. Nous avons descendu une rue
dépassant plusieurs pâtés de maisons jusqu’à ce que je sentis que nous
étions suffisamment seuls pour lui parler. Elle comprit très rapidement
et me fit signe de la suivre. Nous avons pris un tramway pendant à peu
près un kilomètre. Elle me conduisit à l’arrière d’une maison. Un
français qui parlait anglais me fut envoyé et m’avisa de retourner à la
gare afin de prendre le premier train en partance. Il semblait n’avoir
aucune possibilité de m’aider. Je les quittai après quelques minutes
pour regagner la gare.
L’homme qui parlait anglais m’avait informé qu’il y avait un train pour Angers.
Quand je fus
à la gare, j’allai au guichet et demandai « Angers ». L’employé
m’indiqua un train et je m’y dirigeai. J’avais un ticket de troisième
classe et je ne trouvais que des premières.
Au bout d’une
heure le train s’ébranla et je m’endormis. Juste avant Angers le
contrôleur me réveilla pour vérifier mon ticket. Je le lui tendis. Il
commença à me parler en français mais je devinai le problème et lui
donnai un billet. Il me rendit la monnaie et me laissa seul. J’arrivai
à Angers à 3h00 le 30 juin 1943.
A cette heure
du matin il y avait peu de gens autour du guichet. Je pris mon ticket
auprès de l’agent et fit signe que j’étais sourd et muet. Il inscrivit
l’heure de départ pour Tours au dos de mon ticket. Comme l’heure
approchait et que les trains arrivaient dans la gare je dus tapoter
l’épaule de quelques personnes et demander
« Tours ? ». Je pris le train sans difficultés et arrivai à Tours à midi le 30 Juin 1943.
Après, ne
sachant que faire je me rendis dans la rue. Je marchai aux alentours
pendant plusieurs heures et m’assis quelques instants dans un parc.
Vers 17H00 je pensais que je devais trouver de l’aide ou quitter la
ville car il y avait trop d’allemands dans les rues. Je rentrai dans un
restaurant et montrant une pancarte sur le mur je commandai deux verres
de vin. Je remarquai que l’une des deux personnes présentes dans le
café me considérait avec suspicion. Je me levai et me dirigeai vers
cette personne et lui dit que j’étais un aviateur Américain.
On me fit
sortir en dehors de la pièce précipitamment et on me conduisit vers une
maison. Trois heures plus tard je reçus la visite d’un homme qui me
posa des questions pour m’identifier. J’utilisai ma chevalière et ma
plaque d’identification pour prouver mon identité et après avoir été
interrogé par un autre homme, je fus conduit dans une autre maison à la
campagne. Plusieurs jours plus tard je rencontrai le Lt Normile qui
m’accompagna par la suite.
Traduction : Frank BERNARD – AIR MEMORIAL -Décembre 2004.